PCB, carte d’identité
Les PCB ou Polychlorobiphényles
Les PCB, ou polychlorobiphényles, sont des polluants chimiques persistants dans l'environnement largement répandus à la surface du globe. D’où proviennent ces substances? Quels sont leurs effets sur la santé ? Et comment sont elles réglementés dans les aliments ? Réponses ci-dessous.
Que sont les PCB ?
Les PCB ou polychlorobiphényles sont des composés aromatiques chlorés également connus, en France, sous le nom de pyralènes. Ces composés ont été utilisés par l'industrie, sous forme de mélange, pour leurs propriétés isolantes (transformateurs électriques) ainsi que leur stabilité chimique et physique (encres, peintures). La famille des PCB regroupe 209 molécules également appelés congénères. On distingue deux types de PCB sur la base de leur mécanisme d'action :
- les PCB « Dioxin-Like » ou PCB-DL sont capables de se lier au même récepteur cellulaire que les dioxines (Récepteur Ah). Leur mécanisme d'action étant similaire à celui des dioxines, leur toxicité (comme celle des dioxines) est exprimée en facteur d'équivalent toxique par rapport à la toxicité de la TCDD (2,3,7,8-Tétra-Chloro-Dibenzo para-Dioxine) plus communément appelée dioxine de Seveso ;
- les PCB « Non Dioxin-Like » ou PCB-NDL. Ces derniers agissent via un mécanisme d'action différent de celui des dioxines.
Les PCB-NDL sont retrouvés en quantité plus importante dans les poissons de rivière que les PCB-DL.
Parmi les PCB, sept congénères sont particulièrement retrouvés dans les produits contaminés et représentent généralement près de 50% de la quantité de PCB. Leur dosage est ainsi utilisé pour quantifier la contamination d'un produit par les PCB, on les appelle PCB indicateurs (PCBi).
Où trouve-t-on des PCB ?
Ces composés ont été utilisés par l'industrie, mais leur production et leur utilisation ont progressivement été réduites au cours des années 70 puis finalement interdites en 1987. Stables chimiquement et peu biodégradables, ces molécules sont classées parmi les polluants organiques persistants. Elles s'accumulent progressivement dans l'environnement en particulier dans certains réservoirs comme les sédiments marins ou de rivière.
Présentant une affinité particulière pour les graisses (lipophilie), les PCB s'accumulent au fur et à mesure de la chaîne alimentaire, se concentrant particulièrement dans les tissus graisseux des animaux. En conséquence, les aliments qui en contiennent le plus sont les aliments d'origine animale, riches en graisses tels que les poissons gras en contact avec les sédiments contaminés mais aussi le beurre. L'alimentation constitue donc la principale voie de contamination de la population générale (plus de 90 % de l'exposition totale).
Grâce aux réglementations mises en place pour limiter la contamination de l’environnement et des denrées, l’exposition de la population a fortement diminué ces 20 dernières années.
Quels sont les effets des PCB sur la santé ?
Dans l'organisme humain, ces molécules s'accumulent préférentiellement dans le tissu adipeux. Leur élimination est lente (plusieurs années) et se fait par les selles. On en retrouve, par ailleurs, dans le lait maternel et les lipides sanguins où on les dose. La toxicité des PCB est essentiellement liée à leur accumulation dans l'organisme au cours du temps (charge corporelle). Ainsi, l'exposition ponctuelle à ces molécules au travers d'un aliment très contaminé aura peu d'impact sur la santé.
En revanche, en ce qui concerne une exposition chronique, les manifestations les plus préoccupantes liées aux PCB sont des effets neuro-comportementaux de tels effets ont été observés chez le jeune enfant fortement exposé aux PCB pendant la grossesse et l'allaitement. D'autres effets ont été rapportés chez l'adulte : perturbations métaboliques, effets sur la thyroïde.
Sur la base de l'ensemble des données bibliographiques internationales disponibles, l'Agence a proposé des valeurs d'imprégnation critiques en dessous desquelles la probabilité d'effets sur la santé est estimée comme négligeable. (avis du 5 mars 2010) Par ailleurs, des doses journalières tolérables, dose qu'un individu peut consommer quotidiennement tout au long de sa vie sans que cela n'engendre d'effet néfaste sur sa santé, ont été définies par l'OMS (2001) et l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) (2002) pour les PCB-DL (et les dioxines), puis par l'OMS et l'Afssa (2003) pour les PCB-NDL. Ces valeurs sont obtenues en se basant sur des études toxicologiques réalisées chez l'animal et en appliquant des marges de sécurité prenant en compte les différences de susceptibilité entre espèces et entre individus.
De fortes expositions aux PCB (rejets accidentels, activités professionnelles) peuvent par ailleurs provoquer des effets cutanés (chloracnée, pigmentation des ongles et de la peau), oculaires (hypersécrétion) et des troubles hépatiques (altération transitoire de l'activité d'enzymes hépatiques).
Quelle réglementation pour les PCB dans les aliments ?
La protection du consommateur vis-à-vis d'une substance chimique est assurée par des mesures de gestion du risque qui reposent sur la fixation de teneurs maximales dans les denrées. Les denrées alimentaires dont les niveaux dépassent les teneurs maximales réglementaires sont considérés comme impropres à la consommation et à la vente..
Avant 2006, la teneur maximale en PCB totaux fixée au niveau national, était de 2mg/kg de poisson. En décembre 2006, le règlement 1881/2006 de la commission a fixé des teneurs maximales pour la somme des dioxines et des PCB de type dioxines dans de nombreuses denrées alimentaires (viandes de bovins, ovins, volailles, porcs, foies de ces animaux, chair des poissons et produits de la pêche, chair des anguilles, lait et produits laitiers, œufs et produits dérivés, graisses de bovins, ovins, volailles et porcs et graisses animales mélangées, huiles et graisses végétales, huiles marines).
En décembre 2011, le règlement 1259/2011, applicable depuis le premier janvier 2012, a révisé le règlement précédent en abaissant les teneurs maximales en dioxines et PCB de type dioxines dans les aliments et en introduisant également des teneurs maximales pour les PCB-NDL dans les mêmes aliments ainsi que pour d'autres catégories d'aliments tels que les poissons d'eau douce sauvages, les foies de poissons et les denrées destinées aux nourrissons et aux enfants en bas âge.