Legionnelles

Légionelles et légionellose

Travaux de l’Anses

Les légionelles sont des bactéries pouvant être à l’origine d’une infection respiratoire appelée légionellose. Les principales sources d'exposition humaine connues à ces bactéries sont d'origine environnementale, notamment les réseaux d’eau chaude sanitaire ou les tours aéro-réfrigérantes humides. Dans un objectif de réduction des cas de légionellose l’Agence a réalisé depuis plus d’une dizaine d’années divers travaux d’expertise concernant les risques sanitaires liés aux proliférations de Legionella dans l’eau notamment dans les circuits de refroidissement des tours aéroréfrigérantes des centrales nucléaires de production d’électricité et plus récemment concernant les méthodes de détection et de dénombrement de ces bactéries dans l’eau.

La légionellose est une maladie respiratoire liée à des bactéries appelées Legionella. La surveillance de cette maladie se fait principalement sur la base des données recueillies par la déclaration des cas, obligatoire depuis 1987. En 2013, 1262 cas de légionellose ont été déclarés en France (données Invs mises à jour le 28 avril 2014). Dans près de 11 % des cas déclarés, la maladie provoque un décès. 

Les principales sources d'exposition humaine connues à ces bactéries sont d'origine environnementale, notamment les réseaux d’eau chaude sanitaire ou les tours aéro-réfrigérantes humides. Ce genre bactérien peut, en effet, se multiplier dans l’eau jusqu’à 45°C, une température létale ou ne permettant pas la multiplication de la plupart des autres bactéries, et survivre jusqu’à 66°C. 

Le deuxième plan national santé environnement 2009-2013 (PNSE2) a placé au rang de ses priorités l'amélioration de l'investigation des cas de légionellose, la prévention de la survenue de cas de légionellose liés aux contaminations des réseaux d'eau chaude sanitaire, ainsi que la poursuite des efforts de recherche. L'Anses avait notamment été identifiée comme partenaire de cette action du PNSE2. Dans ce contexte, l’Agence a produit quatre rapports en lien avec cette problématique. 

Évaluation des risques sanitaires liés aux proliférations de Legionella dans l’eau des tours aéroréfrigérantes des centrales nucléaires de production d’électricité

Le parc des centrales nucléaires d’EDF comporte 19 centres nucléaires de production d’électricité (CNPE), dont 11 sont équipés de tours aéroréfrigérantes soumises à la réglementation des Installations Nucléaires de Base (INB). Ces 11 sites comportent 32 tours aéroréfrigérantes, dont 28 Tar CNPE alimentées avec de l’eau de rivière et soumises aux recommandations de la Direction générale de la sûreté nucléaire et de la radioprotection (DGSNR) ou Autorité de sûreté nucléaire (ASN), relatives au risque Legionella des tours aéroréfrigérantes soumises à la réglementation des INB. 

D’après ces recommandations, EDF devait avoir mis en place, au 1er août 2012, des mesures de prévention adaptées afin de maintenir la concentration en légionelles en dessous d’un seuil de densité bactérienne (5.106 UFC/l)(1) dans l’eau des circuits de refroidissement de toutes les Tar CNPE à l’exception de celles de Chinon, pour lesquelles la concentration en légionelles demandée est de 5.105 UFC/l. 

Les rejets d’effluents liquides et gazeux, ainsi que les prélèvements d’eau de ce circuit, sont soumis à une autorisation délivrée au niveau ministériel (tel qu’indiqué par le décret n° 95-540 du 4 mai 1995 relatif aux INB)

En 2004, dans le cadre de la prévention des risques de légionellose, l’Agence a été saisie par les ministères chargés de la santé, de l’environnement et l’Autorité de sûreté nucléaire pour donner un avis sur les niveaux d’intervention et sur la stratégie de prévention, de surveillance et d’action mise en œuvre par EDF. Il lui était également demandé de produire une estimation de l’exposition des populations autour des centres nucléaires de production d’électricité et une évaluation des risques sanitaires et environnementaux des rejets aqueux et gazeux de ces installations au regard du risque lié aux légionelles. Cette expertise avait pour but d’aider les autorités sanitaires à confirmer ou infirmer les seuils en Legionella dans l’eau des Tar CNPE actuellement utilisées. Ces travaux ont été conduits en deux temps et ont donné lieu à la production de deux rapports en 2006 et 2007 :

  • le premier s’est spécifiquement intéressé à la pertinence des seuils d’action recommandés au moment de l’expertise ;
  • le second porte spécifiquement sur la pertinence des traitements préconisés par EDF pour réduire les niveaux de Legionella spp et sur leurs impacts sanitaire et environnemental.

L’avis relatif aux CNPE émis par l’Agence en février 2006 fait état du manque de données épidémiologiques relatives aux cas d’infection par L. pneumophila parmi les populations vivant dans les communes proches des 11 CNPE. Ce constat était accompagné d’une recommandation portant sur la mise en œuvre d’études épidémiologiques permettant d’évaluer l’impact sanitaire lié aux expositions à L. pneumophila des populations riveraines exposées aux retombées de panaches ou aux rejets d’eau de Tar CNPE.

En 2006, l‘Agence, le Centre national de référence des légionelles (CNR-L) et l’Institut de veille sanitaire (InVS) ont été chargés par la Direction générale de la santé (DGS) de conduire une étude visant à apprécier le lien entre l’exposition aux retombées des panaches émis par les 28 grandes Tars des 11 Centres nucléaires de production électrique (CNPE) d’Electricité de France (EDF) contrôlées par l’ASN et la survenue de cas de légionellose à proximité de ces installations. Cette étude a nécessité une collaboration étroite entre plusieurs partenaires publics : l’Anses le CNR-L, l’InVS et 18 Agences régionales de santé (ARS), dont les modalités d'intervention ont été établies par le ministère chargé de la santé. Elle a porté sur une période de 3 ans (2010-2012) au cours de laquelle 98 cas ont été inclus dans l’étude. L’étude fait l’objet d’un rapport édité en 2014.

Les profils génomiques des souches d’origine clinique isolées chez les patients et des souches environnementales isolées dans les installations CNPE n’ont montré aucune similitude. Les résultats de l’étude ne mettent pas en évidence d’association entre l’exposition aux panaches des Tars des CNPE et la survenue des cas de légionellose inclus. Toutefois, le rapport précise les limites de cette étude, notamment celles liées aux variations des populations de légionelles et à l’échantillonnage des prélèvements environnementaux.

Méthodes de détection et de dénombrement de légionelles dans l’eau

La surveillance environnementale des légionelles est encadrée par la réglementation. Elle porte sur l’espèce Legionella spp dans les tours aéro-réfrigérantes et spécifiquement sur la bactérie Legionella pneumophila dans les circuits d'eau chaude sanitaire. Au 1er août 2012, cette surveillance reposait, sur l'utilisation de la méthode par culture (2). Or de nombreuses méthodes de détection ou de dénombrement de légionelles sont en cours de développement ou pour certaines utilisées à plus ou moins grande échelle. 

Dans ce contexte, l'Agence a été saisie courant 2009 par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de la prévention des risques (DGPR) concernant les méthodes de dénombrement de ces bactéries. L'objectif était de répertorier et décrire l'ensemble des méthodes disponibles pour le dénombrement spécifique de légionelles dans l'eau et d'étudier la pertinence de leur mise en œuvre pour le contrôle des eaux chaudes sanitaires et des tours aéro-réfrigérantes. 

Le résultat de ces travaux a été publié en juillet 2011. En premier lieu, l’Anses a considéré que les méthodes de dénombrement à retenir devaient porter, d'un point de vue sanitaire, sur Legionella pneumophila dans les eaux chaudes sanitaires et les eaux des circuits de refroidissement des tours aéro-réfrigérantes. L’Agence a par ailleurs défini les critères à prendre en compte pour évaluer la pertinence d'une méthode de dénombrement de légionelles à des fins de contrôle des eaux chaudes sanitaires et des tours aéro-réfrigérantes dans la perspective d'une adaptation de la réglementation. 

A l'issue du recensement et de l'analyse comparée des méthodes disponibles pour le dénombrement des légionelles dans l'eau, deux méthodes actuellement disponibles apparaissent comme suffisamment pertinentes et robustes : la culture (selon la norme NF T90 431) et la PCR quantitative (selon la norme NF T 90 471). 

Une réflexion a également été menée sur les critères d'interprétation des résultats obtenus à partir de ces deux méthodes, aboutissant à proposer des valeurs cibles de dénombrement adaptées aux différents contextes réglementaires. 

Des pistes d'études et de recherches ont enfin été proposées pour faire progresser les connaissances en vue de futures optimisations des méthodes de dénombrement des bactéries de ce genre.


(1) Unité formant colonie par litre

(2)telle que décrite dans la norme NF T90-431 "Recherche et dénombrement de Legionella spp. et de Legionella pneumophila par culture sur milieux gélosés"

Avis et rapports en lien avec l'article