Améliorer la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines
Des millions de personnes empruntent des métros et d’autres transports souterrains pour se déplacer dans 7 agglomérations françaises. L’amélioration de la qualité de l’air à l’intérieur des enceintes ferroviaires souterraines constitue un des enjeux du plan national santé environnement. Saisie par les pouvoirs publics, l’Anses confirme la nécessité de poursuivre les actions pour limiter les expositions des usagers, en réduisant les concentrations des particules en suspension dans l’air. L’Agence propose en ce sens des indicateurs de suivi pour renforcer la surveillance de la qualité de l’air dans ces environnements.
Des concentrations de particules plus importantes dans les enceintes ferroviaires qu’à l’extérieur
Les réseaux d’enceintes ferroviaires souterraines sont répartis dans 7 agglomérations urbaines (Paris, Marseille, Lyon, Lille, Toulouse, Rennes et Rouen). Le réseau francilien est de loin le plus important en France et l’un des plus fréquentés au monde.
Depuis le début des années 2000, des mesures de la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires en France ont mis en évidence des concentrations en particules en suspension dans l’air (PM10, PM2,5 en µg.m-3) en moyenne trois fois plus élevées que dans l’air extérieur urbain. Leur composition est cependant différente avec une teneur élevée en éléments métalliques, dont le fer en particulier, et également en carbone élémentaire et organique.
Spécifique à l’activité ferroviaire souterraine, cette pollution est causée par l’usure des matériaux due au freinage des rames, par les contacts entre le matériel roulant et la voie ferrée ou encore par la remise en suspension des poussières du fait de la circulation des rames.
Des actions de prévention à poursuivre
L’Anses a actualisé son état de lieux des connaissances sur les effets sur la santé de l’exposition aux particules présentes dans l’air des enceintes ferroviaires souterraines réalisé dans son avis de 2015. Il ressort de son analyse que le corpus d’études reste trop limité pour pouvoir tirer des conclusions fermes sur de tels effets sanitaires.
Toutefois, les données épidémiologiques et toxicologiques suggèrent la possibilité d’effets cardiorespiratoires compte tenu des modifications biologiques observées en lien avec l’inflammation, le stress oxydant et la fonction cardiaque autonome.
Au vu de ces observations, l’Agence confirme la nécessité de réduire la pollution particulaire dans les enceintes ferroviaires souterraines et donc de poursuivre les actions en ce sens, comme le renouvellement des matériels roulants, l’utilisation de systèmes de freinage moins émissifs en particules ainsi que l’amélioration de la ventilation de ces enceintes.
De nouveaux indicateurs de suivi de la qualité de l’air à l’intérieur des enceintes ferroviaires
L’Agence propose des indicateurs permettant de caractériser la qualité de l’air dans ces environnements.
« Les indicateurs proposés correspondent à des concentrations en particules en suspension (PM10 et PM2,5) à viser dans les enceintes ferroviaires souterraines. Ils ont été déterminés afin d’être applicables sur chaque réseau selon une durée caractéristique des trajets de leurs usagers. Le calcul de ces indicateurs intègre les expositions sur une journée dans différents environnements (à la maison, au travail et dans les transports) et les valeurs limites réglementaires ou les valeurs guides en concentrations journalières à ne pas dépasser, qui sont définies pour les particules de l’air ambiant. » explique Matteo Redaelli, coordonnateur de l’expertise à l’Anses.
Ces indicateurs ont vocation à être utilisés comme des repères pour situer les niveaux de pollution en particules mesurés ou modélisés dans l’air de chaque réseau présent sur le territoire national. Ils contribueront à évaluer l’efficacité des actions de réduction à la source.
Les indicateurs proposés correspondent à des concentrations en particules en suspension (PM10 et PM2,5) à viser dans les enceintes ferroviaires souterraines.
Compte tenu de l’augmentation attendue du trafic dans un contexte où les alternatives à l’automobile sont privilégiées, l’Agence recommande en particulier de renforcer les dispositifs de surveillance de la pollution de l’air dans les différents environnements des enceintes : quais, stations, rames etc. L’Agence recommande par ailleurs une amélioration des connaissances sur les effets sanitaires propres aux particules en suspension dans ces lieux qui pourraient permettre de définir des valeurs de référence.
Plus globalement, l’Agence souligne que la réduction de la pollution de l’air, notamment en milieu urbain, est une priorité de santé publique. Le report du transport routier motorisé vers d’autres modes de transport moins polluants, dont le transport ferroviaire, reste donc à encourager.