Le chancre coloré, un champignon qui menace les platanes
Introduit en France dans les années 40, le chancre coloré du platane s'est depuis propagé, principalement dans le sud de la France. L'absence de traitement oblige à abattre les platanes infectés. L’Anses oeuvre pour éviter la dissémination de la maladie.
Qu’est-ce que le chancre coloré du platane ?
Le chancre coloré du platane est une maladie due à un champignon, Ceratocystis platani, qui touche exclusivement les platanes. Originaire des États-Unis, il a été introduit dans le sud de la France et en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale. L’hypothèse la plus courante est qu’il aurait été amené sur des emballages en bois contaminés transportés par les troupes américaines. Sa présence s’est depuis progressivement étendue en Europe.
Le champignon est classé comme organisme nuisible de quarantaine par l’Union européenne : son introduction et sa dissémination sont interdites en Europe et la lutte contre cet agent pathogène est obligatoire.
Quelles sont les conséquences d’une infection ?
Le champignon infecte les racines et les parties aériennes des platanes. Il colonise les vaisseaux conducteurs de sève brute, limitant l’alimentation du platane infecté. Les feuilles de l’arbre jaunissent par branches entières. L’infection par C. platani se repère également par des tâches plus sombres sur l’écorce, de couleur brun orangé à bleu ou noir et en forme de flammes allongées. Le tissu sous ces tâches est nécrosé. Selon sa vigueur, un platane contaminé peut mourir en quelques mois ou quelques années.
Où la maladie est-elle présente et comment se propage-t-elle ?
En Europe, le chancre coloré du platane a été détecté en Italie, en Grèce, en Suisse, en Turquie, en Albanie et en France. Les régions françaises les plus touchées sont la Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Corse et la Nouvelle-Aquitaine. Des foyers ont également été signalés dans les Pays de la Loire et en Île-de-France.
La maladie se propage aisément le long des cours d’eau. Transporté directement dans l’eau, le champignon s’introduit par des blessures dans les racines, qui peuvent être provoquées par le passage des bateaux. Il peut également se disséminer par les racines des arbres qui sont en contact direct avec les platanes voisins, la sciure contaminée et des outils de taille mal désinfectés.
Quels sont les moyens de lutte ?
Il n’existe pas de traitement contre le chancre coloré du platane. Le seul moyen d’éradiquer la maladie est d’abattre et de dessoucher l’arbre infecté avant son incinération.
Pour éviter la dispersion du chancre coloré du platane, il est recommandé de désinfecter soigneusement les outils servant à l’entretien des platanes et les outils de chantiers de voirie, lorsque ces travaux se trouvent à proximité de platanes.
Par ailleurs, certaines variétés de platanes ont été sélectionnées pour être plus résistantes à la maladie et d’autres sont en cours de développement. Le niveau de résistance de ces variétés aujourd’hui disponible ne semble toutefois pas suffisant pour empêcher leur contamination dans les zones où le chancre coloré est fortement présent. La sélection de nouvelles variétés de platanes plus résistantes reste une solution envisagée sur le moyen terme. À court terme, le remplacement des platanes par d’autres espèces végétales semble la solution la plus accessible.
Enfin, certains fongicides de synthèse et microorganismes bénéfiques pourraient être efficaces contre ce champignon. Cependant, aucune donnée issue d’études n’a été identifiée, faites directement sur des platanes et démontrant la capacité de ces moyens de lutte à freiner le développement de C. platani ou à le tuer.
Quel est le rôle de l’Anses pour lutter contre le chancre coloré du platane ?
Coordonner la détection du champignon
Le laboratoire de la Santé des végétaux de l’Anses est laboratoire national de référence (LNR) pour les champignons affectant les végétaux. À ce titre, il est en charge de coordonner la détection du chancre coloré du platane en France.
Il a développé et validé la méthode d’analyse officielle pour détecter l’agent pathogène. Cette méthode est utilisée par un laboratoire d’analyse agréé par le ministère de l’agriculture. Le LNR effectue les analyses de seconde intention pour confirmer les résultats lorsque le champignon est détecté pour la première fois dans une région jusque-là indemne. Enfin, le LNR s’assure que la méthode d’analyse est correctement appliquée.
Depuis 2019, l’Anses est également laboratoire de référence de l’Union européenne pour les champignons et les oomycètes. Son rôle est de coordonner les actions des laboratoires nationaux de référence des États membres sur ces agents pathogènes et de s’assurer de leurs aptitudes à les détecter.
Émettre des recommandations pour mieux lutter contre ce champignon
L’Anses a réalisé deux expertises à la demande de la Direction générale de l’alimentation. L’une, publiée en 2019, s’est appuyée sur une étude de suivi de la variété Platanor en régions Occitanie et PACA. L’objectif était d’identifier la ou les causes responsables de l’infection de cette variété, pourtant réputée résistante à la maladie.
L’autre, publiée en 2022, a évalué les moyens de lutte les plus appropriés dans ces mêmes régions, où son éradication ne peut plus être envisagée du fait de sa forte présence dans certains endroits. Il s’agissait de proposer des stratégies de lutte pour ralentir la progression de la maladie en fonction de certaines situations rencontrées : en milieu urbain, le long d’axes routiers ou le long de cours d’eau.