Aliments enrichis en phytostérols et prévention des maladies cardiovasculaires
Le bénéfice global des aliments enrichis en phytostérols ne peut être démontré
Composés naturellement présents dans les plantes, les phytostérols ont pour propriété de réduire le taux de cholestérol sanguin en entrant en compétition avec lui au niveau intestinal. L’emploi d’une allégation indiquant, d’une part, que les phytostérols diminuent le cholestérol sanguin et, d’autre part, que diminuer le cholestérol sanguin peut réduire le risque de maladies cardiovasculaires, est autorisé sur l’étiquetage des produits enrichis en phytostérols. Une association de consommateurs a saisi l’Anses afin qu’elle évalue les risques et bénéfices liés à la consommation de ce type de produits alimentaires. Dans son expertise, l’Anses met en évidence que les phytostérols contribuent, en effet, à la réduction du cholestérol sanguin, mais que les données actuellement disponibles ne permettent pas de montrer leur bénéfice en termes de prévention des maladies cardiovasculaires et de considérer les aliments enrichis en phytostérols comme un moyen approprié de prévention de ces maladies au niveau populationnel.
Naturellement présents dans les plantes, notamment les graines des oléagineux, les phytostérols, ayant une structure proche de celle du cholestérol, entrent en compétition avec lui au niveau intestinal et limitent ainsi son absorption. Les phytostanols sont issus de l’hydrogénation des phytostérols.
La réglementation européenne autorise l’emploi, sur l’étiquetage des produits enrichis en phytostérols et phytostanols, d’une allégation indiquant que ces substances diminuent le cholestérol sanguin, et précisant que diminuer le cholestérol sanguin peut réduire le risque de maladies coronariennes.
Suite à certaines interrogations, l’Association de consommateurs UFC-Que choisir a saisi l’Agence afin qu’elle évalue le risque et le bénéfice liés à la consommation de produits alimentaires enrichis en phytostérols et phytostanols.
Produits enrichis en phytostérols : que sont-ils ? Qui en consomme ?
Une analyse du marché français montre que les produits enrichis en phytostérols se concentrent actuellement sur trois secteurs : les margarines, les produits laitiers frais et assimilés et les sauces condimentaires et représentent environ 4% de leurs parts de marché respectives.
D’après l’étude INCA 2 (Etude individuelle nationale des consommations alimentaires) menée par l’Anses, les consommateurs de ces produits représentaient, en 2006-2007, environ 3 % des adultes et 0,7 % des enfants. Parmi les adultes, la tranche d’âge des 46-79 ans, que l’on peut considérer comme la plus à risque d’hypercholestérolémie, était la plus représentée. Parmi les consommateurs d’aliments enrichis en phytostérols, les enfants représentaient 12,5 %.
Consommation de phytostérols : des risques et des bénéfices encore trop peu documentés
Si les phytostérols contribuent en effet à une réduction moyenne d’environ 10 % de la cholestérolémie totale et de la teneur en LDL-Cholestérol circulant (communément appelé « mauvais cholestérol »), la variabilité individuelle de réponse aux phytostérols est grande. Chez environ 30 % des sujets, la consommation d’aliments enrichis en phytostérols n’induit pas de baisse de LDL-Cholestérol.
La consommation d’aliments enrichis en phytostérols entraîne par ailleurs une augmentation des concentrations plasmatiques en phytostérols dont les conséquences sur le risque cardiovasculaire ne sont pas connues.
De plus, une baisse de la concentration plasmatique en β-carotène est également observée suite à la consommation de phytostérols, ce qui est susceptible d’augmenter le risque cardiovasculaire.
Enfin, il n’existe pas d’études portant sur les effets des phytostérols directement sur les événements cardiovasculaires qui permettraient de statuer sur la résultante des effets des phytostérols sur l’ensemble de ces paramètres intermédiaires (LDL-Cholestérol, phytostérols plasmatiques, β-carotène plasmatique). A ce jour, on ne peut donc pas conclure sur les effets des phytostérols sur la prévention des risques cardiovasculaires.
Les phytostérols ne sont pas un moyen approprié de prévention des maladies cardiovasculaires au niveau populationnel
Face à ces éléments d’incertitudes scientifiques, l’Anses estime que les données actuellement disponibles ne permettent pas de considérer les aliments enrichis en phytostérols comme un moyen approprié de prévention des maladies cardiovasculaires au niveau populationnel.
Si le LDL-Cholestérol sanguin est reconnu comme un facteur de risque des maladies cardiovasculaires, l’Anses rappelle que ces maladies sont multifactorielles, impliquant un grand nombre de facteurs de risque et de facteurs protecteurs. De ce fait, la diminution d’un seul facteur de risque n’entraîne pas nécessairement la diminution du risque de maladie.
Elle rappelle également qu’il existe de nombreux leviers de prévention hygiéno-diététiques reconnus comme l’arrêt du tabagisme, l’augmentation de l’activité physique, la réduction de la sédentarité et l’amélioration de l’équilibre alimentaire en veillant à une consommation adéquate de fruits et légumes, un apport équilibré en acides gras et une consommation modérée de sucres et de sel. Au niveau individuel, il relève du médecin d’adapter les différentes mesures envisageables aux patients présentant une hypercholestérolémie.
Les recommandations de l’Agence
En conséquence, l’Anses recommande :
- aux personnes soucieuses de leur cholestérolémie de consulter un professionnel de santé qui pourra notamment leur indiquer les mesures hygiéno-diététiques les plus adaptées à leur situation ;
- aux consommateurs de produits enrichis en phytostérols de veiller à atteindre a minima les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) en fruits et légumes afin de compenser la baisse de β-carotène engendrée par la consommation de ces produits ;
- éviter la consommation de produits enrichis en phytostérols par les enfants ;
- éviter la consommation de produits enrichis en phytostérols par les femmes enceintes et allaitantes.